ISLAM, SCIENCES ET PROGRES : LES IDEES FAUSSES

Ernest Renan, dans une conférence à la Sorbonne en 1883, déclara que « l’Islam est contraire à l’esprit Scientifique et hostile au Progrès ».  

Cette « Fake news » est aujourd’hui largement répandue chez les détracteurs de l’Islam, comme malheureusement chez certains musulmans ! 

Nous allons donc répondre à ces nombreuses idées fausses sur les liens entre islam, sciences et progrès. 

 « Dès le départ, la science est perçue par l’islam comme un danger » 

 FAUX : Cette conception était plutôt celle des chrétiens au Moyen-âge. En effet, ils interprétaient leurs textes religieux de telle sorte que la Science devenait une « menace » pour la religion.

Par exemple, pour eux, Dieu avait interdit à Adam et Eve de manger des fruits de « l’arbre de la Connaissance » et du Savoir, car il était jaloux !

Pour certains d’entre eux, si Adam et Eve ont été « punis » sur Terre, ce serait donc à cause de la tentation de ce savoir, dangereux et exclusivement réservé à Dieu.  

Au contraire, pour les musulmans, il ne s’agissait pas d’un « arbre de la Connaissance » mais d’un arbre quelconque, et la première chose que Dieu a fait lorsqu’il envoya Adam sur Terre, c’est justement lui partager et lui donner les outils du Savoir, autrement dit la parole et le langage : « et il a enseigné à Adam tous les noms …» (s2 v31) ; et « enseigné à l’Homme ce qu’il ne savait pas » (s96 v5). 

C’est pourquoi les livres de Sciences Grecques étaient délaissés, brûlés ou vendus par les chrétiens aux Califes Musulmans qui les rachetaient pour les traduire et les approfondir, notamment au Bayt Al Hikma (Maison de la Sagesse) de Baghdad.

Par ailleurs, Dieu, dans le Coran, ne cesse de nous inciter à utiliser nos capacités intellectuelles : le premier mot révélé au prophète (pbsl) est « Iqra’ » qui signifie, entre autres, « Lis !» (s96 v1) et qui est un appel général à la recherche de la Science et du savoir ! 

Tout au long du Coran, environ 750 versets font appel à la raison, à la science, à l’observation : « n’allez-vous donc pas raisonner? », « pour les gens doués d’intelligence» etc. 

 « Lorsque le Prophète (pbsl) déclare que nous sommes une nation illettrée, c’est un appel général à l’ignorance » 

 FAUX : Ceci n’était qu’une constatation de la situation des musulmans à son époque ! Très peu de gens savaient lire et écrire, et le Prophète, lui-même illettré, a décrit un état de fait. Ce n’est nullement un appel général à s’éloigner de la Science et du Savoir !  

Bien au contraire, le Prophète (pbsl) encouragea fortement l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.

 Par exemple, il stipula que tout prisonnier de guerre sachant lire et écrire serait libéré sans rançon s’il apprenait à lire et à écrire à dix enfants musulmans ! 

 « La Science éloigne de Dieu »  

 FAUX : car comme disait Louis Pasteur, qui a découvert le vaccin contre la rage, « un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup de science y ramène ».   

La Science et la Connaissance sont donc des outils qui permettent de méditer sur la création et de se rapprocher de Dieu : plus on se rend compte de la complexité de la création de l’Univers et de ce qui le compose, plus on se rapproche de Dieu. 

 « Hormis l’appel à la Science, le Coran n’aborde jamais concrètement de phénomènes scientifiques » 

 FAUX : Certains versets qui abordent ce qu’on appelle aujourd’hui les « Sciences de la Vie et de la Terre », révèlent des informations qui ne seront découvertes que des siècles plus tard par les scientifiques ! 

Par exemple, les étapes du développement de l’embryon (s23 v14) ; la rotation de la Terre (s7 v54 ; s31 v29 etc) ; le fait qu’il existe des mâles et des femelles même chez les plantes (s20 v63) et beaucoup d’autres exemples… 

 « Tout s’explique par la Science »  

 FAUX : Bien entendu, une majorité de phénomènes ne peuvent pas et ne pourront JAMAIS être expliqués par la Science. Ce sont des « secrets divins » qui font appel à la Foi et pas à la Science.  

 « Tout le Savoir scientifique est dans le Coran »  

 FAUX : Le fait de vouloir séparer à tout prix la Science et l’Islam est appelé « séparatisme ». Comme nous l’avons vu, c’est un extrémisme.

Mais le fait de vouloir « à tout prix » confondre Islam et Sciences en cherchant dans chaque verset du Coran une preuve ou règle scientifique, en voulant faire du Coran un livre scientifique, est appelé « concordisme », et c’est là aussi une position extrémiste !

Il faut donc rester dans une approche du « juste milieu ». 

 « L’Islam n’a PAS eu besoin du progrès technique et scientifique pour se développer »

 FAUX : de nombreux progrès scientifiques  ont permis à l’Islam de se répandre et de se développer, et sans eux, beaucoup de pays musulmans ne le seraient peut-être même pas aujourd’hui !

Les sciences les plus « vitales » pour l’Islam furent donc la médecine, l’astronomie, et la géographie :

LE PROGRES MEDICAL : pour rester en bonne santé, se soigner, vivre plus longtemps, avoir la capacité physique de pratiquer les adorations, et rendre à la vie humaine son caractère sacré, les musulmans ont accordé à la médecine l’une des places les plus importantes parmi les Sciences, si ce n’est LA plus importante

Ainsi, au Moyen-âge, les musulmans étaient à la pointe du progrès médical. 

Par exemple, Abou Al Qassim, appelé en occident « Abulcasis », est le père de la chirurgie moderne. Il inventa de nouveaux instruments de chirurgie et son encyclopédie médicale de 30 volumes fût traduite en latin et étudiée partout en Europe durant des siècles !

De même, l’anesthésie moderne, par inhalation ou voie orale, a été découverte par les musulmans d’Andalousie ! 

Et il y a beaucoup d’autres exemples de médecins musulmans qui ont révolutionné cette Science : Ibn Al Nafis a été le premier à décrire la circulation sanguine. 

Ibn Sina, connu sous le nom d’ « Avicenne », fut surnommé  le « prince des arabes » par Lambert, qui le considérait comme l’un des plus grands médecins de l’Histoire. 

LE PROGRES TECHNIQUE : l’un des plus importants fut la fabrication du papier par les musulmans à Samarcande, à l’époque Abbasside. Grâce à ce progrès qui s’est appuyé sur une découverte à la base chinoise, l’Islam a développé un extraordinaire support de diffusion pour répandre le Coran, les livres de Religion, et les œuvres scientifiques, permettant au plus grand nombre d’avoir accès à ces trésors. 

LE PROGRES GEOGRAPHIQUE ET CARTOGRAPHIQUE : c’est notamment grâce à la Sicile musulmane puis à Al Idrissi que les Arabes vont perfectionner la Science de la Cartographie et de la Géographie, nécessaire aux grands navigateurs comme Ibn Battuta pour parcourir le Monde.  

LE PROGRES ASTRONOMIQUE : il a permis de déterminer la direction de la prière (Qibla) facilement, de manière précise, et où que l’on soit dans le Monde ; de déterminer l’heure et de définir un calendrier des horaires de prières ; de permettre aux navires de s’orienter afin de parcourir le monde : l’Indonésie est devenue aujourd’hui le 1er pays musulman au Monde grâce au comportement des marchands musulmans qui n’auraient pas pu s’y rendre à bord de leurs navires, sans le progrès cartographique et astronomique…

 « C’est Lui (Dieu) qui a placé pour vous les étoiles dans le ciel afin que vous soyez dirigés dans les ténèbres, sur la terre et sur la mer ». (Sourate 6, Verset 97).

 « Hormis quelques « mots du vocabulaire » empruntés aux Arabes, l’Occident ne doit RIEN à la Civilisation musulmane » 

 FAUX : car l’Occident doit au contraire énormément à « l’Age d’Or » de l’Islam, et ceci est attesté par n’importe quel historien honnête. 

Au Moyen-Age, l’Europe était plongée dans les ténèbres, la peste, la guerre et l’ignorance ; et les livres scientifiques étaient dénigrés si ce n’est brûlés ! 

Au même moment, les musulmans illuminaient le Monde en développant les Sciences et le Savoir à travers la préservation, la traduction, l’étude et l’approfondissement des œuvres scientifiques Grecques, Perses, Indiennes, et Egyptiennes ! Cet effort permis aux Arabes d’être à l’origine des plus grandes découvertes scientifiques de leur époque !  

« Les Arabes sont, au Moyen-âge, les seuls représentants de la Civilisation ; ils font reculer la barbarie qui s’était étendue en Europe, ébranlée par les invasions des peuples du Nord. »  Histoire des Arabes, L.A. Sédillot, Paris, 1854. 

C’est donc ce travail titanesque des Arabo-musulmans, qui sera plus tard traduit en latin, et qui permettra à l’Europe de « renouer » avec la Science, de redécouvrir la pensée Grecque, et finalement de « renaitre » de ses cendres : c’est la période de la « Renaissance » qui aboutira plus tard au fameux « siècle des Lumières » ! 

Un simple exemple de cette « récupération » est celui de Gerbert d’Aurillac : c’était un moine mathématicien qui deviendra Pape sous le nom de Sylvestre II, et qui partit étudier la science arabo-andalouse. 

Il « récupéra » entre autres le travail du mathématicien Al Khawarizmi (dont le mot en latin donnera le terme « Algorythme ») qui rapporta d’Inde les chiffres dits « arabes » et qui vont permettre de développer les calculs mathématiques, car les « chiffres romains » ne permettaient pas d’effectuer des divisions par exemple…

 « Les dirigeants musulmans ne s’intéressaient PAS aux sciences profanes (non islamiques) » 

 FAUX : au Moyen-âge, les Rois et Souverains chrétiens ne s’intéressaient certes pas ou très peu aux sciences profanes. Seuls les « lettrés », donc le plus souvent l’Eglise et les religieux, s’intéressaient, mais avec une forte méfiance, à ce domaine.  

A l’inverse, en terre d’Islam, à Baghdad comme en Andalousie, c’était l’Emir, le Sultan ou le Calife en personne qui finançait et supervisait ce noble domaine.

D’ailleurs, la Cour du souverain était le plus souvent composée de ces scientifiques et médecins, réputés et respectés dans le monde entier !

On sait par exemple que le Roi Richard d’Angleterre, blessé durant les croisades, accepta la proposition de Saladin qui lui avait offert les services de son médecin personnel, Moise Maimonide.  

Par ailleurs, on sait que le Calife Al Mamun donnait une importance telle à la Science qu’il fonda à Baghdad le plus grand centre culturel mondial de l’époque, le « Bayt Al Hikma » (la « maison de la Sagesse »).  

Il faut aussi savoir que ce même Calife a demandé à ses ennemis byzantins de lui remettre des manuscrits scientifiques Grecs qu’il comptait faire traduire en arabe, en échange de l’acceptation d’une trêve militaire ! 

Al Mamun offrait aussi à ses traducteurs, comme Hunayn ibn Ishaq, le poids en or de chacun des manuscrits scientifiques étrangers qu’ils traduiraient !

 « Les savants musulmans ne se consacraient qu’aux Sciences islamiques, le reste des Sciences n’était que futilité pour eux » 

 FAUX : Par exemple, l’illustre Ibn Rushd, connu en occident sous le nom d’Averroès, était un grand savant de l’Islam et un « qadi » (juge musulman). Mais il était aussi médecinjuriste et philosophe ! 

L’imam As-Suyuti, en plus d’être spécialiste du Hadith, était historien et géographe. Et ainsi de suite…

Beaucoup de savants donc, s’intéressaient à la fois aux sciences profanes ET religieuses, qui, combinées, étaient source de richesse intellectuelle ! 

 « Des théories comme celle de Darwin prouvent que la Science est incompatible avec l’Islam » 

 FAUX : car comme leur nom l’indique, il ne s’agit que de simples théories ! Darwin n’est PAS la Science et d’ailleurs sa théorie a été réfutée par d’autres scientifiques !

Ce n’est PAS parce que certaines théories deviennent « officielles » qu’elles sont vraies ! Par exemple, pendant longtemps, la théorie officielle était que la terre était plate !

La « vérité officielle » ne concorde PAS toujours avec la « vérité objective ».

En outre, si une donnée scientifique contredit une donnée coranique, il faut plutôt se dire que des découvertes scientifiques postérieures mettront nécessairement un terme à cette contradiction ! 

 « Tout ce que nous venons de voir  est occulté dans l’enseignement de l’Education Nationale »  

 VRAI : Et c’est d’ailleurs très étonnant et très regrettable ! 

Hormis les quelques étudiants qui se spécialisent à l’université sur ces questions, l’enseignement de cette page de l’Histoire et de l’Apport de la Civilisation Arabo-musulmane à l’Occident est totalement marginalisé et occulté 

Pour conclure, ce qui pourrait être attendu de chacun de nous, c’est : 

➡ Au minimum, être CONSCIENTS et FIERS de cet héritage scientifique arabo-musulman

APPROFONDIR et DIFFUSER si possible ce que nous venons de voir

Combattre au quotidien ces « FAKE NEWS »

➡ Ne pas être « ALLERGIQUE » à la Science comme l’étaient les chrétiens d’Europe au Moyen-Age 

➡ S’inscrire dans le PROLONGEMENT des anciens : ne pas orienter nos études ou les études de nos enfants exclusivement vers les sciences religieuses ou vers les sciences profanes, mais bien essayer de cumuler et d’ASSOCIER les deux ! 

Pas l’un sans l’autre mais l’un AVEC l’autre !

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